Eglise Néo Gothique

Petit historique

 

Vous voici devant l’église néo-gothique d’Hauterives, dont la construction remonte à la fin du XIXe siècle. La paroisse d’Hauterives fut placée, dès le haut Moyen Age, sous le vocable de Saint-Martin qui fut évêque de Tours au IVe siècle. L’ancienne église d’Hauterives, qui se trouvait à l’emplacement du cimetière actuel, était placée sous le vocable de « Saint-Marin en Cerin ». Depuis quelques années, la paroisse d’Hauterives a été placée sous la protection de Saint-Amédée de Lausanne.

 

Lors de votre visite devant la porte Gothique, vous avez appris que le jeune Amédée de Clermont, né en 1110, au château de Chaste, fils d’Amédée l’Ancien et de Pétronille de Mâcon avait effectué un séjour, avec son père, à l’abbaye cistercienne de Bonnevaux, de 1119 à 1122. En 1122, son père, déçu de voir que son fils ne recevait pas, à Bonnevaux, l’éducation digne d’un fils de grand seigneur, l’emmena à Cluny où il fut accueilli, avec les honneurs, dus à son rang, par l’abbé Ponce de Melgueil. Amédée l’Ancien fut donc comblé, pendant trois ans, pas une vie plus en accord avec ses vœux, vie basée sur l’étude, l’érudition, et un certain faste typiquement clunisien. Mais un jour, lassé de vivre « dans la pourpre et la soie », il fut pris de nostalgie pour les rigueurs cisterciennes de Bonnevaux et revint en Dauphiné.

 

Cependant, il ne revint pas avec son fils ; il l’envoya chez un « cousin » allemand (car les Clermont « cousinaient », au sens large, avec de nombreuses familles aristocratiques), en l’occurrence, Conrad de Hohenstaufen, en son château de Weiblingen.

 

Amédée le Jeune y resta trois ans jusqu’en 1125, années pendant lesquelles il fit de bonnes études, selon les vœux de son père. En effet, au XIIe siècle les fils de familles aristocratiques recevaient un enseignement placé sous le vocable des « Arts Libéraux », comprenant le « Trivium » (grammaire, dialectique et rhétorique) et le Quadrivium (Arithmétique, musique, géométrie et astronomie).

 

En 1125, notre jeune adolescent est littéralement fasciné par un certain Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux, dont la réputation de sainteté (et de rigueur !) s’est répandue jusque dans l’Empire allemand ! Ne dit-on pas qu’il commence à faire des miracles : un jour, appelé auprès d’un parent muet, agonisant, il lui rendit la parole le temps de confesser ses péchés ! Une autre fois, écrivant une lettre, (à cheval, s’il vous plaît !) la pluie se mit à tomber mais Bernard n’en eut cure : il continua à écrire, sans que l’encre fût délavée ! Le 11 novembre 1122, Bernard vint dédicacer l’église de Foigny. Hélas, les mouches étaient en si grand nombre qu’elles menaçaient de perturber la cérémonie : Bernard de Clairvaux les excommunia et toutes périrent !

 

En 1139, après avoir bénéficié de l’enseignement de Bernard de Clairvaux, pendant 14 ans, celui-ci le nomma abbé de Hautecombe, au bord du lac du Bourget, en Savoie.

 

Amédée le Jeune dirigea, avec sagesse, cette abbaye jusqu’en 1144, date à laquelle Saint-Bernard le nomma évêque de Lausanne.

 

Amédée le Jeune devint alors une puissance spirituelle, en sa qualité d’évêque et une puissance temporelle en sa qualité de comte de Vaux. Il régna donc sur un domaine représentant presque la moitié Ouest de la Suisse actuelle ! A ce titre, il fut, également, électeur du Saint-Empire Romain Germanique et siégea, plusieurs fois, à la diète de Spire.

 

Il fonda, également sur le territoire helvétique, plusieurs abbayes cisterciennes.

 

Ses sermons, ou homélies furent écrites, sur peau de porc, dans l’abbaye cistercienne d’Hauterive (sans « s » !), située à 6 km au Sud de Fribourg.

 

En 1146, l’Atabek de Mossoul Xanki, ayant conquis le comté d’Edesse (actuelle Turquie) sur les Croisés, Saint-Bernard prêcha la IIe Croisade sur le parvis de la Madeleine de Vézelay. Le roi de France Louis VII et son épouse Eléonore d’Aquitaine, l’empereur d’Allemagne, Conrad III et le comte de Savoie, Amédée III se croisèrent. Amédée III confia le tuteurat de son fils, Humbert, à Amédée de Lausanne. Hélas, les Croisés échouèrent devant Damas. Sur le chemin du retour, le comte de Savoie, Amédée III, périt à Chypre, de maladie. Amédée de Lausanne servit donc de précepteur au jeune Humbert jusqu’à sa majorité. Celui-ci, devenu comte de Savoie, sous le nom d’Humbert II, n’oublia jamais cet enseignement et, par testament, demanda à être inhumé sous le froc cistercien !

 

Amédée de Clermont, évêque de Lausanne, tomba gravement malade, en 1159. Ses médecins lui ordonnèrent, pour guérir, de renoncer à ses vœux de chasteté et d’avoir un commerce charnel avec une femme ! Etrange ordonnance, à l’égard d’un prélat ! Pourtant, elle fut aussi ordonnée au roi de France Louis VIII et au fils de l’empereur d’Allemagne, Frédéric Barberousse ! Cette croyance pourrait prendre sa source dans la Bible où il est dit que le roi David, devenu vieux devint fort triste… Le peuple juif, qui l’adorait, lui offrit, une jeune et belle esclave, nommée Abisag. Le roi David recouvrit, alors, dit la Bible, une deuxième jeunesse : ah ! Ces hommes !

 

Amédée de Lausanne, renonçant à appliquer cette curieuse ordonnance, mourut le 27 août 1159. Il fut inhumé devant le maître autel de la cathédrale de Lausanne.

 

En 1911, on procéda à des travaux de dallage devant le maître autel et on mit au jour la sépulture d’Amédée de Lausanne. On retrouva trois précieuses reliques : sa mitre, presque intacte, sa crosse en bois, en partir rongée, seulement, par l’humidité et son anneau épiscopal serti d’une belle émeraude ! Ces trois pièces, dûment restaurées, se trouvent dans un musée à Lausanne. Plus tard, on retrouva, également dans les archives de l’abbaye d’Hauterive, le fameux manuscrit contenant les homélies ! Ce manuscrit, qui avait subi un début d’incendie, fut restauré par un artiste italien et une riche donatrice suisse régla la note des18 mois de travail : 100 000 francs suisses ! Ce magnifique document se trouve, en excellent état, maintenant, à la bibliothèque cantonale de Fribourg.

 

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