Côté Nord, se dresse la belle villa du docteur Modrin. Cette bâtisse élégante est du plus pur style « Art Nouveau » qui marqua la « Belle Epoque », aux environs de 1900.
La docteur Modrin, qui la fit bâtir, est un personnage légendaire, à Hauterives, dans la veine de ces médecins de campagne d’autrefois, disponibles 24h sur 24, de jour comme de nuit !
A cette époque, pas question d’appeler le « Samu » en cas d’urgence : le médecin devait assumer, même pour de délicats problèmes relevant de la chirurgie.
Pour preuve, cette anecdote : en 1933, Auguste Vital, enfant de l’assistance publique, alors âgé de 17 ans, se trouve dans une famille d’accueil, à Tersanne, à quelques kilomètres au Sud d’Hauterives. Un jour, il emmène le troupeau familial au pâturage. A peine arrivé dans le pré, un taureau de bonne taille, qui régnait sur le troupeau de génisses, et qui, jusque là, s’était montré fort pacifique, lui fonce droit dessus ! Surpris, Auguste n’a pas le temps d’esquiver l’attaque directe. Pris d’une inspiration subite, alors que le fauve est déjà sur lui, il l’empoigne par les cornes et passe ses jambes autour de son cou…Il est vrai, qu’à 17 ans, la souplesse ne lui manquait pas ! Le taureau, bien entendu, se débat furieusement pour se débarrasser de ce fardeau encombrant. Auguste encaisse alors un coup de tête sous le menton alors qu’il avait la langue sortie : pour le coup, la langue est, plus qu’à moitié, coupée ! Il hurle désespérément… Dieu merci, un paysan qui travaillait, non loin de là, l’entend et, accompagné de son chien, il se précipite au secours d’Auguste. Le chien mord l’animal au jarret et Auguste en profite pour quitter sa position inconfortable… On appelle le docteur Modrin qui s’empresse de recoudre la langue d’Auguste ! « Ma langue, dûment recousue, me servit alors de baromètre, confia Auguste : lorsque le temps allait changer, j’avais un peu mal… »
Le 5 août 1944, à 10h du matin, les Allemands, à la recherche des maquisards du secteur, investirent Hauterives et « cueillirent » le docteur Modrin devant sa villa alors qu’il allait effectuer sa tournée. Il fut emmené, sans ménagement, devant l’école primaire, avec un groupe d’otages. Le chef de la colonne allemande, le commandant Oberland, menaça alors de fusiller les otages ! Le docteur Modrin s’avança, alors, vers lui et lui dit : « Je suis le maire d’Hauterives. Si quelqu’un doit être fusillé, je tiens à être le premier. » Touché, la commandant Oberland qui appréciait, sans doute, le courage, gracia les otages, mais il fusilla lui-même deux maquisards qu’il avait capturés dans la cour de la scierie de Daniel Rey qui se trouve sur votre parcours au QR code 14.